Ambroise Perrin, mardi 10 novembre 2020
Nous ne sommes même plus blasés. La routine Covid régit nos journées. Si le mot n’avait un souvenir glorieux nous dirions que nous sommes une armée des ombres, résistante. On baisse la tête et le masque dans les queues au Carrefour City, chez la marchande de journaux, sur le trottoir de la boulangerie (oui la tarte au fromage rue Geiler !).
Et pourtant ce n’est pas pareil, ce nouveau confinement, ça grouille de monde dans la rue, il y a toujours des voitures et des PVs partout et les sourires complices et apeurés ont disparu. Les informations disparates soulignent la confusion et nous côtoyons de plus en plus de malades et de morts dans nos entourages. Nous avons du mal à nous enthousiasmer à l’annonce d’un prochain vaccin. On se demande qui commande dans ce bazar.
Ils demandent le chef, je me nomme, ils se rendent. Le combat cessera-t-il faute de combattants ? Nous sommes prévenus, cela ne sera pas terminé à Noël. Alors les chefs que l’on n’attend pas se nomment. Par exemple le patron du Medef affirme organiser les jauges de clients pour garder les boutiques ouvertes. C’est lui qui décide ou bien les parlementaires ceints de la légitimité démocratique et de la responsabilité déléguée ? Caïd ou le Cid ? Nous accepterions quelques morts (ou Maures) de plus pour sauver les cadeaux ?
Mais sans cesse ignorants de nos propres besoins / Nous demandons au ciel ce qu’il nous faut le moins… Les deux alexandrins de Boileau sont à souffler au ministre de la santé que l’on n’écoute plus sans ressentir de la pitié.
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