Ambroise Perrin
Quand maman nous a dit qu’on allait avoir un nouveau petit frère, ou une petite sœur, nous les enfants on a vite cherché un prénom. C’était bien avant les échographies et on avait la surprise à la naissance. Il y avait des trucs pour deviner, mais cela ne marchait qu’une fois sur deux. Les enfants nous étions déjà trois, les ABC, Ambroise, Blandine, Claude, ce serait donc soit Damien, soit Dorothée.
Nous lisions le Club des Cinq, et nous tentions d’écrire nous-même la même chose, les ABCDE, sans le chien Dagobert. L’appartement était trop petit pour avoir un chien. Dans un cahier de brouillon Clairefontaine neuf nous faisions un plan de l’histoire, assis dans l’herbe devant le n° 1 de la rue des fourmis, avec les autres du bloc. Les grands lisaient déjà les «bibliothèques Verte», les Michel et les Alice et nous les «bibliothèques Rose», le Club des Cinq et le Clan des Sept.
En une après-midi du jeudi on pouvait lire un volume, c’était possible d’une traite, mais je dois expliquer la technique : pour les nouveaux, on les achetait chez Bastian, c’était 3 francs, et ils servaient aussi pour les cadeaux d’anniversaire ; mais pour les autres, il y avait un truc épatant, on allait chez Vincenti. Au milieu du magasin il y avait un énorme poteau avec des rayonnages et les livres «enfants». Comme on restait debout pour lire, monsieur Vincenti nous disait de nous asseoir sur des chaises en raphia, qui laissaient des traces sous les cuisses. On adorait vraiment aller chez lui, on pouvait mettre un papier pour marquer la page où on s’était arrêté (en espérant que le livre ne soit pas vendu entre-temps) et encore plus formidable, on gardait la librairie quand monsieur Vincenti allait boire une bière au Raisin. Quand j’étais seul il me demandait «ça parle de quoi ?» et j’étais incapable de raconter le livre alors j’inventais une autre histoire, juste pour répondre poliment.
Après, quand on est devenu plus grands, il y a eu les «Rouge et Or», plus chers. Ma petite sœur s’appelle Véronique.
L’art de nous plonger dans notre enfance, même si les histoires sont différentes, elles résonnent … le club des 5 entre autres … J’ai affuté mon imagination dans l’enfance en inventant des histoires, en les testant sur mes parents -;)
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Les parents comme premier auditoire, c’est probablement une vue d’adulte; aux parents on ment, c’est aux autres enfants qu’on raconte des histoires… les parents seraient plutôt « pas mon genre – Proust » pour ce type d’affutage… toujours sous réserve d’avoir un public de son âge et à 9 ans, pas certain …
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Dans la collection « Rouge et or », j’avais lu et relu passionnément « Tombée du ciel », l’histoire d’une petite fille extra-terrestre arrivée par hasard parmi des enfants espiègles comme je l’étais à l’époque. Un hymne à la tolérance. Depuis, le titre de ce livre a été repris pour d’autres histoires, je n’ai pas réussi à trouver sur Internet la jaquette et l’auteur de ce merveilleux roman pour enfants.
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Henry Winterfeld … oui, je crois bien avoir pleuré au dernier chapitre ! relu récemment avec compassion pour moi-même !
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