Lorsqu’en 1972 j’ai quitté le 1 rue des Fourmis à Haguenau, dans le nord de l’Alsace, c’était pour aller en fac à Strasbourg. On y habitait en famille depuis 1954, dans un ‘bloc HLM’. Je me suis dit, j’y reviens tous les week-end. Puis je suis parti à Paris, et je me suis dit, j’y reviens tous les mois. J’ai toujours adoré me souvenir de la rue des fourmis. J’étais journaliste à FR3, et une année j’avais une émission sur la vie quotidienne que j’ai intitulée Rue des Fourmis. Après la télévision, j’ai rejoint le Parlement européen, surtout à Bruxelles, et je me suis dit, je vais écrire un roman sur la Rue des Fourmis. Je vais le faire (bientôt…).
En attendant, parce qu’à Haguenau mon ami Éric tient la boutique d’un chouette hebdomadaire, Maxi-Flash, j’ai joué en épisodes à l’exploration des petits riens de la mémoire. Je les reprends maintenant dans mon blog AFP Ambroise-Fiction-Presse, les voilà ces petits riens triturés avec de petites histoires pour vérifier que tout ce qu’on invente est vrai, comme ces épisodes de Retour rue des Fourmis
épisode n° 1 : DANS LA CULOTTE
Ambroise Perrin
Quand on a raconté 100 fois la même histoire, elle est vraie. Mon frère Claude dit qu’elle est fausse, maman affirme n’en avoir aucun souvenir. Les anecdotes de l’enfance sont celles que l’on répète aux fêtes de famille, que l’on écoute avec un sourire entendu et un air de surprise de bon aloi, même si c’est la 10 ème fois qu’on l’entend avec des variations qu’on se garde bien de relever.
Donc cette histoire est belle et la voilà. Gamins, notre salle de jeu, c’était dehors, le macadam de la rue des fourmis, et moi, Ambroise, le plus grand, je devais donner le bon exemple. Surtout à mon petit frère d’un an et demi plus jeune. Et quand il y avait une bêtise de faite, c’était la faute de l’aîné. On jouait tranquillement devant le bloc. Et un accident arriva. Caca ! Claude avait fait caca dans sa culotte. Je passe les détails, ça collait, ça coulait. Il grimpe en courant les escaliers, j’avais d’autres choses à faire que de m’occuper de mon petit frère.
Il redescend propret, prêt à jouer. Jouer dehors consistait en une succession d’activités spontanées qui cherchaient à défier ce que l’on entendait en sortant de l’appartement, « soyez sages les enfants ». Claude n’avait pas été sage puisqu’il avait fait caca dans sa culotte. Il a donc été grondé, et en pleurs, il a tout expliqué, fort, du haut de ses 3 ans, d’une assimilation précoce des rouages rusés et sans scrupules de la culpabilité et de l’innocence : « le caca dans ma culotte, c’est pas de ma faute, c’est Ambroise qui m’a fait dedans ».
Cher Ambroise,
Je retrouve le plaisir de lire tes « micro fictions » et j’apprécie beaucoup. Une fidèle lectrice. Je t’embrasse. Marie-Jeanne
Envoyé de mon iPad
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Hâte de connaître et de lire la suite!!!!
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