Ambroise Perrin, lundi 23 novembre 2020
Les Alsaciens sont des saumons qui remontent le Rhin malgré les barrages, pour frayer dans les marécages de leurs origines. Quand nous sommes confinés, nous sommes en pause. Pause à la maison entre deux sorties en déplacement dérogatoire, pause entre deux réunions en zoom, pause entre deux allocutions qui vont chiffrer notre probabilité d’être contaminés. Parfois il faut profiter d’une pause pour se faire entendre. Entre confinement et reconfinement nous sommes sur ce mode pause. Ce temps qui ne s’écoule pas est pourtant un monde de stupeur avec pour horizon violence et nihilisme. Les pauses sont-elles des temps vides ? Les artistes s’appliquent dans la composition de leurs œuvres à y inscrire ces vides, où il ne se passe rien, où il n’y a rien à voir.
Etre à la maison à attendre. Ce temps entre deux temps invite à remonter le temps. Enfant à l’école, la récré, la pause entre deux classes. Dans le village, la fête, le messti, deux jours de délire, flonflons, bière et stand de tir, la pause dans la vie raisonnable de toute une morne année. Il y avait un mauvais sylvaner, le Totabàuimpolitür, littéralement du vernis pour cercueil, qui aidait à tromper l’attente.
Les Alsaciens remontent le fleuve de leurs histoires pour suspendre le temps des malheurs, ils ont appris à patienter. Comme les saumons du Rhin, ils passeront. Le bon moment viendra.
Où l’on apprend ce qu’est le vernis pour cercueil et les relations entre les Alsaciens et les saumons !
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c’est du gros blanc qui tache ! avant la « canalisation » du Rhin, on mangeait tellement de saumon que dans les contrats des employés de ferme, il y avait un jour par semaine un repas sans saumon !
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