Ambroise Perrin
« Il fait beau, allez jouer dehors ». Dehors, c’était la rue, devant le bloc sur l’herbe, ou derrière au jardin. Ou alors au Grand Champ, du maïs à l’angle de la rue de Marienthal. Le Grand Champ est maintenant couvert de maisons individuelles. De l’autre côté, il y avait des jardins avec des groseilliers qui dépassaient du grillage.
Le « 1 » rue des fourmis, c’était notre bloc puisqu’il n’y avait rien de construit avant. On jouait à la balle, à 1,2,3, soleil, parfois au foot. Nous étions dans la rue en toute sérénité, nous n’avions pas de pièges à déjouer, pas de méfiances à apprendre, il n’y avait pas de risques. Quand les tanks de retour de manœuvre du camp de Schirrhein passaient pour rentrer à la caserne, rue de la caserne, les soldats s’arrêtaient pour jouer au foot avec les grands. Aucune voiture ne passait. Quand les tanks avaient trop abîmé la rue, les militaires refaisaient le macadam avec une énorme machine verte et jaune de la SIRA et un camion benne qui versait le goudron chaud. Alors sur le macadam tout neuf et très noir on faisait des signes pour les jeux de piste. Avec les restes de craie que papa ramenait du collège, une croix pour fausse piste, un cercle pour message à trouver.
On faisait aussi des courses de vélo. On avait deux vélos pour tous les enfants du bloc, celui de ma mère, qui avait de grandes sacoches pour mettre les jambes assis sur le porte-bagages et celui de mon père avec une petite selle enfant sur la barre. Et comme la barre était trop haute, il fallait se déhancher pour passer en dessous et arriver à pédaler. Il fallait aussi que quelqu’un tienne le vélo pour démarrer et pousse un peu au début de la course. Les vélos des parents il ne fallait pas oublier de les ranger le soir dans la cave, et si c’est papa qui le faisait, il défalquait un franc des 5 d’argent de poche de la semaine.
Je garde encore la cicatrice des gravillons de la rue des fourmis sur la peau de mon genou droit, souvenir d’un jour de beau temps.
Ça n’a rien à voir mais 1,2,3 soleil m’a fait pensé au film de Bertrand Tavernier ! Une allusion cachée ?
Maintenant une histoire de vélos : petite fille, je n’avais pas le droit d’en faire dans les rues de Paris où j’habitais.
En revanche, à la campagne chez les grands-parents c’était autorisé …mais je ne savais pas en faire !
Comme je ne voulais pas le dire, quand mes camarades de la ferme d’en face m’ont passé un vélo, j’ai fait la maline et descendu la pente tout schuss … sur une petite plantation d’orties !
Devinez la suite -;)
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Les tanks en mouvement dans le quartier. Grondements sourds / basses fréquences. On les entendait venir pendant plusieurs minutes avant leur passage à proximité de sa rue. Je décidais alors de partir à leur rencontre à tel ou tel croisement. Vous connaissez celui de la route de Marienthal et de celle de Bischwiller ? Le spectacle des engins actionnant leurs chenilles pour pivoter était passionnant pour l’enfant que j’étais.
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mémoire des images mais aussi mémoire du son…
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