Derrière le melfor, Journal d’un confiné (38) -ambroise perrin

https://afp-ambroise-fiction-presse.com/2020/03/19/journal-dun-confine-mardi-17-mars-2020-midi-ca-commence/

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Ambroise Perrin, lundi 20 avril, suite…

  • breaking news dans l’immeuble, visite du chauffagiste pour l’entretien de la chaudière ; confinement ? voulez-vous être en panne d’eau chaude ?

 

  • les démarches par internet, un cauchemar, les administrations profitent du confinement pour imposer le moule irréversible des relations numériques, aucun interlocuteur, questionnaire dématérialisé avec questions standardisées et après 30 minutes de rédaction d’un message l’onglet « envoyer » est neutralisé le site est en maintenance merci de votre compréhension et au téléphone à 0,30€ hors taxe la minute après frais de connexion quel est votre identifiant vous habitez bien rue j’ai l’air, pour Geiler, Strasbourg c’est où, vous avez une autre question ? Nulle, connasse (après avoir raccroché) ; je recommencerai demain (peut-être)

 

  • il y a dans la cour les cris stridents insolents exaspérants d’enfants innocents côté rue Sleidan

 

  • à 15h pile aussi dans la cour chaque jour haut parleur d’une conversation téléphonique à l’accent US, en boucle oh my God, shit, trust me

 

  • faire des listes et d’abord la liste des listes de ce que l’on voulait faire au début du confinement, utile si jamais ça recommence

 

  • y’a un rouleau de ficelle quelque part j’en suis certain ; quel luxe de passer deux heures à le chercher (autrefois on sortait en acheter un autre). Il était derrière les bouteilles d’huile et de melfor

 

  • trouver de vieilles photos puis e-mail aux cousins: avec le confinement on ne sait pas très bien où l’on va, mais on apprend à mieux connaître d’où l’on vient (merci les commentaires chers cousins)

 

  • une journaliste du Monde fait trente jours de cure de sébum, un mois sans se laver les cheveux pour les fortifier

 

  • encore des clips d’orchestres classiques prestigieux, chacun joue chez soi cuisine salle de bain salon chambre à coucher avec astuces de mosaïques vidéos ; c’est bon, on a des CDs pour écouter sans reluquer le papier WC encore amoncelé

 

  • comme hier Flaubert, ermite confiné cinq années à Croisset pour écrire Madame Bovary, et qui confina ensuite le cœur de son héros dans l’Education sentimentale. Sortis du virus, ne risquons-nous pas le goût amer des séparations ? Il voyagea. Il connut la mélancolie des paquebots, les froids réveils sous la tente, l’étourdissement des paysages et des ruines, l’amertume des sympathies interrompues. Il revint

à suivre…

4 commentaires sur “Derrière le melfor, Journal d’un confiné (38) -ambroise perrin

  1. le melfor, délicieux dans la salade, ici coquetterie 100% alsacienne pour épater les lecteurs, c’est un vinaigre de betterave aromatisé au miel vendu « uniquement » en Alsace par la grâce du droit local hérité au temps où nous étions allemand, et contrevenant aux normes françaises de 1905… enfin, le Traité de Maastricht a arrangé cela, le melfor n’est plus un produit de contrebande (le citronaigre non plus !)

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    1. bonjour,

      j’aime bien votre journal moins anxiogène que les chaines ou radio d’information en continu. J’ai l’impression que votre lieu de vie est très loin de chez moi car j’habite Wolfisheim et que je n’ai mis les pieds à Strasbourg qu’une fois depuis que je suis confiné. Votre remarque concernant le service public m’a touché car je suis moi-même fonctionnaire et parfois il est bon de voir comment c’est de l’autre côté de la barrière ( je suis aux douanes ). J’ai essayé pendant 3 jours de faire une commande de peinture chez Leroy Merlin, je n’y suis jamais arrivé, les créneaux étaient toujours pleins. Ma femme, ah que ferions-nous sans leur perspicacité, a téléphoné au SAV, la commande a été faite illico, il ne me restait plus qu’à payer et à valider. Cet après-midi est le grand jour car je récupère ma commande à 14 Heures, j’ai l’impression de récupérer mon diplôme. Je vais pouvoir continuer à bien m’occuper les mains. 3 plafonds à repeindre, plus des radiateurs, plus la buanderie.

      P.S. : nous avons des points communs : comme vous j’ai couru le marathon de New York en 1994, je suis né à Wissembourg et j’ai fréquenté le lycée Stanislas. De plus, j’ai eu votre père comme prof d’histoire-géo en terminale et c’est le premier prof qui a réussi à m’intéresser à cette matière car il racontait l’Histoire comme des histoires.

      Bonne continuation
      Le confiné mais pas con fini
      Rémy

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      1. bonjour ! merci pour votre sympathique et émouvant message… et je vous suis si reconnaissant d’évoquer mon papa Roch Perrin, il faisait aussi le prof à la maison … et son enthousiasme, son talent, son érudition et sa dérision (il devait vous faire rire en classe !) sont toujours présents en filigrane dans mes écrits ! bien à vous, ambroise perrin

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    2. Je n’ai pas pu acheter du Melfor traditionnel à Monoprix, il n’y est proposé que le « Melfor côté Sud » aromatisé menthe, citron et basilic…une hérésie ! vendu en grande bouteille et bien sûr plus cher et moins bon que l’original. Je me souviens que chaque fois que je rentrais en voiture chez mes parents en haute Savoie, « la Yaute », comme on dit là bas en patois, je leur en apportais plusieurs bouteilles, ainsi que les cornichons aigre doux faits maison par mamama d’Alsace !

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